Narva – Saint Petersburg
Attristés
par notre dernière étape, nous décidons de continuer le stop en
Russie pour repartir sur de bonnes bases.
Et
nous avons bien fait puisque nous n'avons même pas eu le temps de
lever notre pouce, qu'une dame s'était déjà occupée de nous
trouver une voiture se rendant à St Pet ! Un peu effrayés
d'abord par sa demande, les conductrices nous expliquent qu'elles ne
se rendent pas à St Pet même, mais avec un grand sourire et en
parlant de métro, on finit par les convaincre, et nous nous
entassons dans leur petite Kia où nous dégustons poires fraîches
et gâteaux, tout au long de la route défoncée vers l'ancienne
capitale de Russie...
Saint Petersburg – Novgorod
Nous
mettons plus d'une heure à rejoindre le spot de stop à St Pet,
malgré la proximité sur la carte avec notre point de départ.
Nous
commençons donc un peu tard, et inquiets quand à la possibilité de
joindre les deux villes par ce moyen de transport... Tout le monde
nous regarde de travers !
En 20 minutes et plusieurs centaines
de voiture, nous n'avons récolté que deux sourires...
Mais au bout
d'une demi-heure d'attente, arrive Victor et son gros camion, qui
fait les trajets entre la Finlande et la Sibérie toutes les
semaines !
4
heures de route ensemble : rires, musique, découverte de la vie
de famille d'un camionneur sibérien et partage de sandwichs et de
soda à l'estragon, pas le temps de s'ennuyer que nous sommes déjà
presque arrivés ! C'est avec un pincement au cœur que nous
laissons filer Victor, on aurait pu continuer avec lui jusqu'à
Kazan...
Bon,
nous sommes encore à 20 km de nos prochains couchsurfers, alors il
faut encore tendre le pouce... 30 secondes pour être attrapés et
emmenés à domicile. Il commence tout juste de pleuvoir → timming
parfait !
Novgorod – Moscou
Nous avons pris nos billets de transsibériens pour le lendemain à 3h35 du matin, nous n'avons donc pas le choix, il faut décoller vite !
Mais
arrive midi et sur la dizaine de voitures qui se sont arrêtées,
aucune ne va jusqu'à Moscou... Si nous avions fait le trajet en
plusieurs fois, nous y serions certainement arrivés, mais nous ne
voulons pas prendre le risque de perdre nos billets pour la Sibérie
chèrement acquis.
Il
est donc temps de se replier vers notre deuxième option :
prendre un bus pendant 3 heures jusqu'à Okulovska, puis sauter
dans un train pour plus 5 heures de route.
Il
nous faut alors marcher 5 kilomètres depuis notre point de stop
(déjà à 5 kilomètres de chez nos hôtes), avec nos gros sacs et
la bouffe pour le transsibérien sur le dos... On dirait pas mais 1
kg de riz cuit, ça pèse lourd sur le rythme de marche !
Une
fois arrivés pour prendre le bus, impossible de se faire
comprendre... Heureusement un monsieur s'empresse de venir me servir
d'interprète devant mon air sérieusement désemparée (il nous
reste 10 minutes pour attraper notre bus, et nous ne savons toujours
pas si nous sommes dans la bonne gare!).
Un
quart d'heure plus tard, nous avons les fesses bien installées sur
les sièges défoncés d'un bus d'une autre époque...
Les
routes sont toujours autant défoncées et notre chauffeur roule,
roule, si vite qu'un nid d'autruche (oui
oui, beaucoup plus gros qu'un nid de poule)
finit par avoir raison de son optimisme, et de notre espoir de
visiter Moscou avant de prendre le transsibérien.
Ça
pète sous nos pieds, et de la fumée sort juste à côté de nous,
(je hurle --' ) et voilà, on a fini par crever.
Damien
descend voir avec les hommes du bus, et leur montre le pneu intérieur
complètement déchiré... Il leur faudra plus d'une heure pour
changer la roue, et encore, heureusement que deux autres personnes se
sont arrêtés pour aider !
Nous
arrivons finalement en gare, 5 minutes avant un des derniers trains
pour Moscou. Pas le temps de prendre de ticket on court, court après
les wagons, mais ils refusent tous de nous prendre sans ticket, et
nous envoient à la tête du train pour voir le chef.
Sauf qu'à quelques
mètres du but, le train démarre... Et nous file sous le nez,
avec notre dernier tout petit espoir de voir la place rouge avant
d'embarquer pour la Sibérie...
Dégoûtés,
il nous reste seulement une demi-heure pour faire demi tour, acheter
des billets, et prendre le dernier train de la journée. Damien reste
sur le quai avec les sacs et je repars en sens inverse comme une
furie pour ne pas le louper. Sauf que la dame au guichet est bien
embêtée : ne sachant lire que le cyrillique, elle n'arrive pas
à rentrer nos noms sur les billets, même avec nos passeports et
visas... Je vois les minutes défiler et impuissante, l'écoute râler
et poser des questions que je ne comprends pas. Mais pour la deuxième
fois, un gentil monsieur vient faire l'interprète pour accélérer
la procédure, et je récolte finalement les précieux billets deux
minutes avant l'arrivée du train. Encore un sprint, je rejoins
Damien juste à temps... Ouf ! On l'a eu !
On aurait su, on aurait pris des billets quelques jours plus tard pour pouvoir profiter de la capitale !
Quand
bien même, Damien fait une nouvelle rencontre pendant que je dors
dans le train. Un Arménien confectionneur de sushis, que nous allons
certainement revoir à Lyon dans quelques années :)
Il ne nous reste plus qu'à attendre trois heures dans un des restaurants de la gare, bien au chaud, pour enfin pouvoir prendre le transsibérien...
Le transsibérien #1 Moscou-Ekaterinbourg
1400 km de rail sur une des plus célèbre voie
ferroviaire au monde.
Prévoir de s'ennuyer, ça ne fait pas
de mal de temps en temps!
Choisir la classe Platzkart afin de
continuer à voyager autrement qu'en regardant par la fenêtre du
wagon,
Emporter avec soi plusieurs sachets de
thé et un gros paquet de gâteaux secs,
Se préparer à d'importants vertiges
au moment du retour sur le plancher des vaches.
Et c'est parti, la compagnie RZD vous
souhaite par le biais de ses hôtesses de wagon le meilleur voyage
possible !
Pour le coup, notre hôtesse est plutôt
antipathique et semble très peu disposée à répondre aux besoins
des deux occidentaux du wagon. Elle fait peur à Damien avec son air
patibulaire, et traque l'alcool et la cigarette sans relâche. Seul
moyen de tromper sa garde : attendre la nuit et réaliser une
coalition entre hommes pour rétablir le règne sur le wagon. Des
groupes silencieux passent en douce d'un compartiment à l'autre
pendant que je dors sur mes deux oreilles. Et c'est un Damien tout
fatigué de sa nuit de fugitif que je retrouve au réveil !
La journée passe doucement, on joue
aux cartes, discute, on en profite pour trier quelques photos, et je
mange beaucoup de biscuits secs.
Le lendemain matin, il est déjà temps
de quitter l'atmosphère confinée du wagon, cellule hors du temps,
pour se jeter vers de nouvelles aventures.
Le transsibérien #2 Ekaterinbourg-Irkutsk
Pour ce deuxième round du
transsibérien, nous avons mieux choisi nos places : nous
sommes en plein milieu du wagon, proches du samovar...
Mais nous
avons la mauvaise surprise de nous voir privés de matelas et
d'oreillers pour avoir coché la case « without laundry »
afin d'économiser quelques roubles... Il faudra donc faire sans,
tant pis, les trains russes sont tout de même suffisamment confortables
pour dormir correctement.
Cette fois-ci, nous sommes entourés de
deux vieilles dames, et juste à côté de nous, un petit singe de
garçon qui saute et grimpe sur les lits en hauteur au grand damne de
sa mère.
Une bonne nuit plus tard, nous voilà
sur pieds pour admirer le changement de paysage. Ici, moins de forêts,
plus de grandes plaines enneigées.
Notre ami Edouard petit singe vient
nous rendre visite dès le réveil, et malgré les remontrances de sa
mère s'amuse à guerroyer avec Damien une grande partie de la
journée.
Cette fois, notre trajet est beaucoup
plus long alors nous sortons marcher à chaque arrêt, dire bonjour
aux conducteurs, rencontrer d'autre voyageurs que ceux de notre wagon,
nous participons même à une démonstration de gymnastique (ouioui)
sur le quai, mise en place par une équipe de jeunes demoiselles
voyageant dans un wagon voisin.
Sur les quai, les marchés ambulants
regorgent de blinis au chocolat, de poissons séchés, et de beignets
tous plus appétissants les uns que les autres. Les négociations
vont bon train, l'ambiance est très agréable.
Pour passer la soirée, nous tentons de
comprendre un vieux jeux de carte russe, mais j'abdique rapidement
et me concentre sur une discussion compliquée avec une chinoise
résidente russe ayant décidé de partir découvrir les anciens pays
de l'URSS.
Pendant la nuit, nous recevons de
nouveaux voyageurs, plutôt bruyants, qui nous montent dessus et nous
envoient de la terre sur la tête... Ah les joies des wagons communs !
Le lendemain, nous découvrons que les
nouveaux arrivants, qui effraient Edouard, sont des boxeurs partant du Kirghizistan pour concourir à l’extrême Est de la Russie.
Cette fois, le décor change
complètement : plus de neige mais des tourbières à perte de
vue, les vieilles isbas sans leurs manteaux blancs semblent désespérées,
et nous croisons de moins en moins de villages.
Edouard est revenu faire le coq autour
des étrangers, on s'amuse beaucoup, et on se lance même dans un UNO
avec nos nouveaux voisins. Mais les deux grands mères n'y comprennent
rien et restent de côté.
Pas de grande beuverie sur ce trajet, mais des affinités qui se nouent malgré la barrière du langage !
Lors de notre départ le lendemain
matin, les grand-mères nous serrent dans leurs bras, et Edouard nous
suit et tape à la fenêtre, et finalement nous arrache une larme
d'émotion.
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