lundi 7 juillet 2014

La Russie : Autostop, crevaison, et transsibérien





Narva – Saint Petersburg


Attristés par notre dernière étape, nous décidons de continuer le stop en Russie pour repartir sur de bonnes bases.
Et nous avons bien fait puisque nous n'avons même pas eu le temps de lever notre pouce, qu'une dame s'était déjà occupée de nous trouver une voiture se rendant à St Pet ! Un peu effrayés d'abord par sa demande, les conductrices nous expliquent qu'elles ne se rendent pas à St Pet même, mais avec un grand sourire et en parlant de métro, on finit par les convaincre, et nous nous entassons dans leur petite Kia où nous dégustons poires fraîches et gâteaux, tout au long de la route défoncée vers l'ancienne capitale de Russie...

Saint Petersburg – Novgorod




Nous mettons plus d'une heure à rejoindre le spot de stop à St Pet, malgré la proximité sur la carte avec notre point de départ. 
Nous commençons donc un peu tard, et inquiets quand à la possibilité de joindre les deux villes par ce moyen de transport... Tout le monde nous regarde de travers ! 
En 20 minutes et plusieurs centaines de voiture, nous n'avons récolté que deux sourires... 
Mais au bout d'une demi-heure d'attente, arrive Victor et son gros camion, qui fait les trajets entre la Finlande et la Sibérie toutes les semaines !
4 heures de route ensemble : rires, musique, découverte de la vie de famille d'un camionneur sibérien et partage de sandwichs et de soda à l'estragon, pas le temps de s'ennuyer que nous sommes déjà presque arrivés ! C'est avec un pincement au cœur que nous laissons filer Victor, on aurait pu continuer avec lui jusqu'à Kazan...
Bon, nous sommes encore à 20 km de nos prochains couchsurfers, alors il faut encore tendre le pouce... 30 secondes pour être attrapés et emmenés à domicile. Il commence tout juste de pleuvoir → timming parfait !

Novgorod – Moscou


 Forts de nos deux dernières expériences, nous nous préparons à 7 heures de route en seulement une journée. 
Nous avons pris nos billets de transsibériens pour le lendemain à 3h35 du matin, nous n'avons donc pas le choix, il faut décoller vite !

Mais arrive midi et sur la dizaine de voitures qui se sont arrêtées, aucune ne va jusqu'à Moscou... Si nous avions fait le trajet en plusieurs fois, nous y serions certainement arrivés, mais nous ne voulons pas prendre le risque de perdre nos billets pour la Sibérie chèrement acquis.

Il est donc temps de se replier vers notre deuxième option : prendre un bus pendant 3 heures jusqu'à Okulovska, puis sauter dans un train pour plus 5 heures de route.
Il nous faut alors marcher 5 kilomètres depuis notre point de stop (déjà à 5 kilomètres de chez nos hôtes), avec nos gros sacs et la bouffe pour le transsibérien sur le dos... On dirait pas mais 1 kg de riz cuit, ça pèse lourd sur le rythme de marche !

Une fois arrivés pour prendre le bus, impossible de se faire comprendre... Heureusement un monsieur s'empresse de venir me servir d'interprète devant mon air sérieusement désemparée (il nous reste 10 minutes pour attraper notre bus, et nous ne savons toujours pas si nous sommes dans la bonne gare!).
Un quart d'heure plus tard, nous avons les fesses bien installées sur les sièges défoncés d'un bus d'une autre époque...
Les routes sont toujours autant défoncées et notre chauffeur roule, roule, si vite qu'un nid d'autruche (oui oui, beaucoup plus gros qu'un nid de poule) finit par avoir raison de son optimisme, et de notre espoir de visiter Moscou avant de prendre le transsibérien.

Ça pète sous nos pieds, et de la fumée sort juste à côté de nous, (je hurle --' ) et voilà, on a fini par crever.
Damien descend voir avec les hommes du bus, et leur montre le pneu intérieur complètement déchiré... Il leur faudra plus d'une heure pour changer la roue, et encore, heureusement que deux autres personnes se sont arrêtés pour aider !

Nous arrivons finalement en gare, 5 minutes avant un des derniers trains pour Moscou. Pas le temps de prendre de ticket on court, court après les wagons, mais ils refusent tous de nous prendre sans ticket, et nous envoient à la tête du train pour voir le chef. 
Sauf qu'à quelques mètres du but, le train démarre... Et nous file sous le nez, avec notre dernier tout petit espoir de voir la place rouge avant d'embarquer pour la Sibérie...

Dégoûtés, il nous reste seulement une demi-heure pour faire demi tour, acheter des billets, et prendre le dernier train de la journée. Damien reste sur le quai avec les sacs et je repars en sens inverse comme une furie pour ne pas le louper. Sauf que la dame au guichet est bien embêtée : ne sachant lire que le cyrillique, elle n'arrive pas à rentrer nos noms sur les billets, même avec nos passeports et visas... Je vois les minutes défiler et impuissante, l'écoute râler et poser des questions que je ne comprends pas. Mais pour la deuxième fois, un gentil monsieur vient faire l'interprète pour accélérer la procédure, et je récolte finalement les précieux billets deux minutes avant l'arrivée du train. Encore un sprint, je rejoins Damien juste à temps... Ouf ! On l'a eu !

 Plus qu'à se poser sur les couchettes et prendre le temps de se remettre de nos émotions, ainsi que de notre déception de ne pas pouvoir visiter Moscou pour ce voyage... 
On aurait su, on aurait pris des billets quelques jours plus tard pour pouvoir profiter de la capitale !



Quand bien même, Damien fait une nouvelle rencontre pendant que je dors dans le train. Un Arménien confectionneur de sushis, que nous allons certainement revoir à Lyon dans quelques années :)

Il ne nous reste plus qu'à attendre trois heures dans un des restaurants de la gare, bien au chaud, pour enfin pouvoir prendre le transsibérien...





Le transsibérien #1 Moscou-Ekaterinbourg


1400 km de rail sur une des plus célèbre voie ferroviaire au monde.

Préparation au trajet :

Prévoir de s'ennuyer, ça ne fait pas de mal de temps en temps!
Choisir la classe Platzkart afin de continuer à voyager autrement qu'en regardant par la fenêtre du wagon,
Emporter avec soi plusieurs sachets de thé et un gros paquet de gâteaux secs,
Se préparer à d'importants vertiges au moment du retour sur le plancher des vaches.


Et c'est parti, la compagnie RZD vous souhaite par le biais de ses hôtesses de wagon le meilleur voyage possible !





Pour le coup, notre hôtesse est plutôt antipathique et semble très peu disposée à répondre aux besoins des deux occidentaux du wagon. Elle fait peur à Damien avec son air patibulaire, et traque l'alcool et la cigarette sans relâche. Seul moyen de tromper sa garde : attendre la nuit et réaliser une coalition entre hommes pour rétablir le règne sur le wagon. Des groupes silencieux passent en douce d'un compartiment à l'autre pendant que je dors sur mes deux oreilles. Et c'est un Damien tout fatigué de sa nuit de fugitif que je retrouve au réveil !
La journée passe doucement, on joue aux cartes, discute, on en profite pour trier quelques photos, et je mange beaucoup de biscuits secs.
Le lendemain matin, il est déjà temps de quitter l'atmosphère confinée du wagon, cellule hors du temps, pour se jeter vers de nouvelles aventures.


Le transsibérien #2 Ekaterinbourg-Irkutsk


Pour ce deuxième round du transsibérien, nous avons mieux choisi nos places : nous sommes en plein milieu du wagon, proches du samovar... 
Mais nous avons la mauvaise surprise de nous voir privés de matelas et d'oreillers pour avoir coché la case « without laundry » afin d'économiser quelques roubles... Il faudra donc faire sans, tant pis, les trains russes sont tout de même suffisamment confortables pour dormir correctement.

Cette fois-ci, nous sommes entourés de deux vieilles dames, et juste à côté de nous, un petit singe de garçon qui saute et grimpe sur les lits en hauteur au grand damne de sa mère.
Une bonne nuit plus tard, nous voilà sur pieds pour admirer le changement de paysage. Ici, moins de forêts, plus de grandes plaines enneigées.

Notre ami Edouard petit singe vient nous rendre visite dès le réveil, et malgré les remontrances de sa mère s'amuse à guerroyer avec Damien une grande partie de la journée.






Cette fois, notre trajet est beaucoup plus long alors nous sortons marcher à chaque arrêt, dire bonjour aux conducteurs, rencontrer d'autre voyageurs que ceux de notre wagon, nous participons même à une démonstration de gymnastique (ouioui) sur le quai, mise en place par une équipe de jeunes demoiselles voyageant dans un wagon voisin.





Sur les quai, les marchés ambulants regorgent de blinis au chocolat, de poissons séchés, et de beignets tous plus appétissants les uns que les autres. Les négociations vont bon train, l'ambiance est très agréable.





Pour passer la soirée, nous tentons de comprendre un vieux jeux de carte russe, mais j'abdique rapidement et me concentre sur une discussion compliquée avec une chinoise résidente russe ayant décidé de partir découvrir les anciens pays de l'URSS.

Pendant la nuit, nous recevons de nouveaux voyageurs, plutôt bruyants, qui nous montent dessus et nous envoient de la terre sur la tête... Ah les joies des wagons communs !





Le lendemain, nous découvrons que les nouveaux arrivants, qui effraient Edouard, sont des boxeurs partant du Kirghizistan pour concourir à l’extrême Est de la Russie.
Cette fois, le décor change complètement : plus de neige mais des tourbières à perte de vue, les vieilles isbas sans leurs manteaux blancs semblent désespérées, et nous croisons de moins en moins de villages.
Edouard est revenu faire le coq autour des étrangers, on s'amuse beaucoup, et on se lance même dans un UNO avec nos nouveaux voisins. Mais les deux grands mères n'y comprennent rien et restent de côté.





Pas de grande beuverie sur ce trajet, mais des affinités qui se nouent malgré la barrière du langage !
Lors de notre départ le lendemain matin, les grand-mères nous serrent dans leurs bras, et Edouard nous suit et tape à la fenêtre, et finalement nous arrache une larme d'émotion.

Nous arrivons à Irkutsk tout bouleversés mais prêts à enchaîner sur une looongue journée.





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