mercredi 16 juillet 2014

La Mongolie #1

Nous arrivons à UB à 5h du matin. Pas très en forme, donc ! D'autant qu'on nous a expliqué qu'il n'y avait pas de structure ouverte 24h/24h ici : pas de Mac do ni de Burger King : nos dernières ressources en matière de wifi en pleine nuit. Le seul KFC de la ville ferme à minuit... Mais nos voisins nous ont indiqué un grand hôtel dont la réception doit être ouverte à cette heure-ci, et peut-être même le bar à l'accueil.








Finalement, pas le temps de s'en inquiéter puisque Dafka vient nous démarcher à l'arrivée du train et accepte de servir de point wifi pour la matinée en attendant de savoir si nous sommes intéressés ou non par son auberge de jeunesse.
Comme nous n'avons pas de nouvelles positives pour le couchsurfing, nous décidons de passer la nuit prochaine à cet endroit.
Comme la plupart des auberges à UB, Dafka propose des tours pour visiter le pays. Nous n'avons pas l'habitude de fonctionner comme ça, mais écoutons quand même ses propositions.
Et là nous tombons des nus. 300 euro par personne pour 5 jours de voyage.
Wouw on va faire décoller le budget là...



Estomaqués, nous partons dans la ville voir les différentes auberges pour étudier les autres prix qui s'offrent à nous. Nous finissons par atteindre une zone ghetto mais toujours pas de prix correspondants à nos attentes. Je broie du noir. Je n'ai qu'une hâte : poser mes fesses sur le dos d'un cheval et partir dans l'immense Mongolie.


Seulement on comprend que ce n'est pas si simple : les bus sont centralisés sur UB puis rayonnent dans le pays. Sur place, il faut utiliser les taxis pour se déplacer. Il n'est apparemment plus courant que des étrangers se fassent accueillir à l'improviste dans une yourt étant donné que les tours opérateurs leur payent de bonnes sommes pour héberger leurs touristes, et puis il est apparemment compliqué de réussir à obtenir de bons prix de taxi à partir des villes satellites. De plus, nous ne sommes pas en saison touristique et donc les services sont plus rares.

Et pour finir, l'ambassade chinoise est exceptionnellement fermée, donc nous devons attendre la semaine d'après pour faire notre demande de visa chinois, pour ensuite venir les chercher une semaine plus tard...

Le soir, nous recevons un mail de la part de l'équipe française que nous avions rencontré sur Olkhon. Ils ont trouvé des prix plus bas, et l'opportunité de partir tous les 6 nous réjouit. Nous nous laissons donc glisser dans la facilité et décidons de partir deux jours plus tard pour le « countryside ».

Avant de partir, nous passerons quand même voir le mémorial offert par les Russes à UB durant l'époque soviétique. Du haut de celui-ci, on a une belle vue sur la ville, mais le bâtiment en soi-même n'est pas intéressant. Cependant, les Mongols aiment y grimper à la tombée du jour et y rester un moment pour contempler la ville.




Mais nous voilà enfin quittant la ville et touchant du doigt les premières vastes plaines mongoles. 
Au programme pour ces 5 jours : du temple, du cheval, de la yourte, encore de la yourte et puis du mouton, et de la bouse de yack pour allumer le feu bien sûr !

Ça commence avec soupe de mouton, moins chouette que les buus et les khushurr proposés à UB, mais pas mal, on a même droit à des petits morceaux de carottes ! :D
Les premiers chevaux que j'approche sont étonnamment « trapus » en comparaison à ce à quoi je m'attendais, c'est la sortie de l'hiver alors ils sont maigroulets mais je les imaginais plus chétifs. Bon certes, ce ne sont pas non plus des percherons.


Nous arrivons à notre ger camp en début d'après-midi. Première info : la yourt ne se dit pas « yourt » mais « guer », et on fait rouler le R s'il vous plaît !
Le ger camp est un concept pour égailler le quotidien des citadins pendant le week-end. Celui-ci est placé dans le parc Terelj, un des parcs nationaux les plus proches de UB et lieu touristique autant pour les étrangers que pour les Mongols eux-mêmes. Nous avons d'ailleurs croisé de nombreux bus emmenant les enfant en week-end, et des 4x4 où les familles se serrent à une dizaine !


1ère approche de l'animal plutôt difficile ;)













Cet après-midi c'est balade pour découvrir un beau temple bouddhique. Ce lieu est tellement proche du camp qu'on ne comprend pas comment les moines peuvent s'isoler, mais les infrastructures pour les accueillir sont là alors, !




Pour monter jusqu'au temple, il faut monter les marches et lire les mantras, s'en imprégner. Certains sont pas mal à appliquer à notre vie de tous les jours !














Tout en haut, les moulins à prière, les scènes peintes sur les linteaux, et à l'intérieur les offrandes, les belles couleurs...



Scènes peu orthodoxes peintes sur le temple







Le contact avec la famille n'est pas évident, nous mangeons quand même dans la pièce où ils préparent la nourriture et détaillons la ger nouvelle génération : avec ses deux congélateurs, son grand écran plat, et l'alimentation électrique permanente. Mais il y a toujours une partie du repas préparé sur le feu, lui-même alimenté par charbon, et bouse de vache séchées. Les anciennes traditions ont la vie dure, mais le nombre de mongols préférant la liberté de la ger mobile à l'appartement est encore très élevé !

La nuit est belle et le ciel plein d'étoiles. C'est un grand bouleversement pour moi de passer ma première nuit dans une ger en Mongolie avec les falaises illuminées, et en stéréo les feuilletons coréens et la techno des ados collés à notre ger venus là pour fêter non-dignement leurs vacances.

Il s'agit de respirer et d'accepter que le pays se transforme et ne reste pas uniquement la destination touristique dont les magasines nous offre le rêve. C'est chouette aussi d'être là pour mieux comprendre cette mutation, où la vie nomade côtoie les nouvelles aspirations au « progrès ».



Détendus par l'acceptation de la situation, je peux enfin vraiment profiter de ce voyage (Damien est soulagé ! ;) ). Ça tombe bien : aujourd'hui c'est cheval !



Malheureusement, les chevaux ne sont pas habitués à ce qu'on les monte sans étriers. Mauvais point pour la cheville de Damien, qui crie sa douleur au bout de 50 mètres. Très déçu, il suit notre balade depuis le van avec Gamba, notre conducteur. Ça sera quand même l'occasion de se rapprocher et de bien rigoler avec lui !





De notre côté, la balade longe malheureusement la route, mais ça fait du bien de monter !






Nous arrivons dans notre nouveau campement qui est plus coupé du monde que le précédent. Des enclos et une petite étable en dur sont accolés à la ger, ce sont des structures qui restent sur place si la famille se déplace sur un autre lieu plus vert.



La ger d'à côté possède un troupeau de yacks, avec plein de bébés ! Qui aurait cru que les yackounets étaient si mignons... mi-chien mi-chèvre, ils sautent de partout et commence les confrontations tête contre tête.




L'endroit est entouré par des crêtes de rochers, leurs couleurs au soleil couchant sont très belles, et c'est étonnant comme le paysage est changeant d'une crête à l'autre !











Nous ne sommes qu'à 10 km du camp précédent mais l'atmosphère est complètement différente. Et nous avons la surprise d'assister à l'arrivage du taureau, l'époque de la saillie commence ! 






L'image nocturne de cette énorme bête cornue descendant de la remorque sous la lumière jaune des phares et dans un nuage de poussière nous met en tête une chanson de Cabrel, sauf qu'ici, l'animal a de quoi être heureux !


Les amis de la famille ayant aidé au transport sont accueillis dans la ger, et nous partageons tous ensemble thé au lait salé, petit biscuits, et tabac à priser.
Ce dernier se révèle très utile pour déboucher le nez ; il est traditionnellement offert dans une petit fiole en porcelaine, bouchée par une pierre précieuse. Il faut se le faire passer de main droite en main droite, à la manière d'une poignée de main.
 Les invités se retirent, et nous partageons à nous 8 les deux lits et le sol de la ger pour passer une nuit plutôt...entassée.






Le lendemain, c'est le jour de la castration des petits chevreaux et petits agneaux. L'affaire commence tôt le matin, et les pauvres bestiaux restent ensuite prostrés une bonne journée dans un enclos. Bon repas en perspective, Damien reste étudier leur cuisine du met soit-disant aphrodisiaque et nous partons admirer d'autres crêtes.
               




L'apéritif « couilles d'agneaux » ne réjouit pas tout le monde mais nous y avons tous goûté pour faire honneur à nos hôtes, que nous quittons déjà pour partir admirer l'immense statue de Gengis Khan perdue en pleine lande.






Après de longues heures de voiture, heureusement enjolivée par une partie vodka, nous arrivons à notre nouveau campement où une famille Kazakh nous accueille. 




L'endroit est plutôt joli, mais le contact est un peu
froid. Ils ont un fils grand amateur d'art martiaux qui nous impressionne du haut de ses 3 ans par la coordination de ses gestes !

Ce soir, nous apprenons à jouer aux osselets mongols, deux nouveaux jeux plutôt sympa :

Il faut considérer l'osselet avec quatre faces : cheval, chameau, mouton, chèvre.

Le premier jeu ressemble au mikado et consiste à lancer le paquet d'osselets en l'air, pour les avoir bien répartis devant soi. Il faut ensuite repérer les paires (deux chevaux, deux chèvres,...) intéressantes puisque pour remporter deux osselets, il faut les faire se toucher d'une pichenette sans qu'ils en touchent d'autre.
Le deuxième consiste à aligner ses chevaux (face 1 de l'osselet) sur la piste de départ puis de tirer « aux dés » quatre osselets. On avance du même nombre d'unité qu'on a de chevaux. Exception : si on obtient les quatre animaux différents dans un jeté, on peut avancer de quatre unités !






La journée suivante nous amène à la lisière du parc Khustain, où sont protégés les chevaux de Prewalski.
Nous arrivons chez cette famille à l'improviste puisque celle qui devait nous accueillir a décidé de déménager ce jour-même... 
  Tiens, serait-il si facile de faire de l'improviste ??! 


On nous laisse la ger du jeune couple pendant qu'ils se serrent dans la ger des parents, à quelques mètres de là. Ici, pas d'infrastructure solide : pas de toilettes sèches, les bestiaux sont rassemblés dans un grillage pour la nuit, et les deux chevaux nécessaires à la vie quotidienne sont entravés. 


Le jeune marié s'entraîne pour le Naadam - festivité la plus importante de Mongolie – sur les bêtes de son troupeau.





Le campement est installé à 6 km de la prochaine présence humaine, et à plus de 10 km de toute zone goudronnée. Nous sommes sur une vaste pleine plus ou moins marécageuse, entourée de montagnes. Au loin, nous pouvons apercevoir des troupeaux de chevaux, et des aigles nous survolent la tête. Si on met de côté les dogs du tibet plutôt mastoc, on se sent vraiment bien ici ! 







Qu'il a l'air mignon comme ça...
Ce soir, nous lançons une soirée UNO bien arrosée, nos guide et chauffeur apprécient l'initiation, et nos hôtes rient beaucoup. Je rie beaucoup moins lorsque le dog essaie de me croquer un bout de fesse, me laissant à peine le temps de me rhabiller avant de me réfugier dans la ger. L'opération pipi nocturne s'en trouve fortement pimentée !Et comme à chaque fois que nous faisons une soirée avec ces zozos, il neige...

En nous réveillant le lendemain, la plaine est blanche, mais l'horizon est assez ouvert pour distinguer les montagnes éclatantes dans un halo de lumière.








C'est dans ces conditions que nous partons tour à tour faire du cheval.
Le mien commence par une petite mise à l'épreuve :
« tu veux guider ton cheval toi-même ? 
Ok : je fume ma clope et tu déplaces le troupeau là-bas 
– Bin oui, là-bas, quoi tu vois pas que l'herbe y est meilleur ?! » (langage corporel traduit par mes soins). 

Je m'éreinte à courir d'un côté à l'autre du troupeau, quoi, ils ne comprennent pas le français ! Piètre bergère, j'ai laissé un petit agneau tout seul dans les hautes herbes. Mais le mongol a l’œil, et le fourre machinalement dans sa veste, contre sa poitrine. Celui-là est abandonné par sa mère, il faut le nourrir à la ger. Nous l'appellerons Raoul 6 !




La neige de la plaine a déjà fondue, et comme les chevaux mongols ont un pied exceptionnel, je me laisse aller à mon enthousiasme et lance mon cheval dans un grand galop. Je suis en plein dans le tableau cliché : les montagnes, la lumière, mon cheval élancé, le vent me fouette le visage et dressée sur mes étriers j'ai même droit à un vol d'aigle m'accompagnant en plein rêve.
Je rejoins vite le père de famille qui rit de me voir m'exclamer comme la Mongolie est belle. Nous poursuivons les troupeaux aperçus la veille. Pas de trop près : les étalons nous surveillent... 

AH la terre pourrait se fendre en deux que j'aurais vécu assez intensément cette dernière heure pour ne rien regretter.
Enfin si, je regrette que Damien n'ai pas la chance de vivre ça lui aussi. 
Mais je le retrouve tout heureux en rentrant : il a encore embêté notre conducteur et joue avec les bébés chevreaux. 
Raoul 6 est bien là, et j'ai l'honneur de le nourrir :)



Cet après-midi, nous partons à la recherche des chevaux préhistoriques... sous la neige... 
Grâce à notre super chauffeur et un peu d'aide du gars de la réserve, nous finissons par les trouver cachés derrière une colline pour se protéger du vent. 



Ils n'aiment pas nous voir nous approcher d'eux - ben oui évidemment - mais la possibilité d'admirer dans leur état naturel ces fossiles vivants est merveilleuse.




Et c'est déjà la fin du tour, nous nous séparons de notre guide et chauffeur, nous avons passés de merveilleux moments avec eux...



Et ce soir c'est partie pizza : raz le bol du mouton et du thé salé, besoin d'un peu de bouffe occidentale pour casser tout ça. D'autant plus que nous avons à fêter une excellente nouvelle qui vient de nous arriver depuis la France !!




Nous passons la journée d'après à marcher pour trouver nos billets de train, réunir tous nos papiers pour notre demande de visa chinois, et nous retournons chez Dafka qui a embauché Flo pour l'aider à la gestion de l'auberge.




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